Père

Feodor Ignatievitch Stravinsky (1843-1902)

Feodor Ignatievitch Stravinsky est né à Chernigov en 1843 [1]. Il fut baptisé selon la loi russe. Destiné tout d’abord à la carrière de fonctionnaire, il fit des études de droit, puis on le fit passer de l’université au Conservatoire de Saint-Pétersbourg, où il arrive en 1869 pour travailler avec Everardi.

Il fut engagé à l’opéra de Kiev, où il rencontra et épousa Anna Kirilovna Kholodowsky. Puis, le 30 avril 1876, il fit ses débuts au Théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg dans le rôle de Méphistophélès. La carrière de Feodor dura vingt cinq ans et fut brillante grâce à sa belle voix et à ses talents d’acteur (décoré dès 1891 de l’ordre de St Stanislas)

Fin lettré, il se constituera une importante bibliothèque, près de vingt mille volumes consacrés essentiellement à la littérature russe et aux recherches sur les chants et les légendes populaires.

Figure 1 : Feodor Stravinsky

« La petite ville d’Oranienbaum, au fond du Golfe de Finlande dresse les somptuosités de son palais baroque et les opulentes frondaisons de son parc aux chênes centenaires, face à la sévère forteresse de Cronstadt. Proche de l’ancienne capitale des tsars, cette cité de sept mille habitants était, à la fin du siècle dernier, l’une des villégiatures préférées de la haute société de Saint-Pétersbourg. 

Le célèbre ténor [2] Stravinsky y avait une résidence. Peut-être retrouvait-il là, après l’agitation mondaine de la saison hivernale, quelque chose des impressions agrestes de son enfance. Il était en effet issu d’une famille de grands terriens d’ascendance polonaise. 

C’est durant un des séjours de l’artiste à Oranienbaum que, dans un cadre accueillant et confortable, naquit Igor. »

Igor cité dans les Chroniques :

« Toute cette musique je ne l’entendais que de loin, de la chambre des enfants où j’étais relégué avec mes frères. Je trouvais un immense plaisir à déchiffrer les partitions d’opéra qui composaient la bibliothèque de mon père. 

Un hiver, je me souviens d’avoir entendu une autre œuvre lyrique mais d’un auteur de second ordre (A. Seroff). Celle-ci ne m’impressionna que par son action dramatique. Mon père y tenait le rôle principal dans lequel il était admiré par le public. Il avait une belle voix et une technique surprenante qu’il avait acquise en étudiant le chant d’après la méthode italienne au conservatoire de Saint-Pétersbourg. En plus, il possédait un grand talent dramatique, chose alors très rare parmi les artistes d’opéra. »

ainsi que dans Souvenirs et commentaires :

« Il ne me montrait de tendresse que lorsque j’étais malade. Pas très commode. En fait, j’avais toujours peur de lui, ce qui je suppose a fait un très grand tort à mon propre caractère. Il avait des accès de colère incontrôlables e, la vie avec lui était très difficile. Il s’égarait soudain dans cette colère de façon tout à fait inattendue et sans égard à l’endroit où il pouvait se trouver. Je me rappelle la terrible humiliation que je ressentis dans une rue de Bad Homburg, quand, m’ayant ordonné tout à coup de rentrer à l’hôtel…j’avais onze ans ou peut-être douze… et me voyant bouder au lieu d’obéir immédiatement, il fit un gros scandale en pleine rue. Il ne me montrait de la tendresse que lorsque j’étais malade… ce qui me semble une excellente excuse pour toute tendance à l’hypocondrie que je puis avoir. Que ce fut pour gagner son affection ou non, j’attrapai une pleurésie à l’âge de treize ans qui me laissa tuberculeux pendant quelques temps. Durant cette période de maladie, il fut pour moi un homme différent et je lui pardonnais tout ce qui s’était passé auparavant. C’était un homme distant. »

Feodor Stravinsky était atteint d’un cancer. Il se rend à Berlin pour une série de traitement aux rayons mais, il est trop tard et il meurt le 21 novembre (4 décembre) 1902.

Il y a une certaine confusion quant à l’endroit où il fut enterré : d’après Mémoires, il aurait été enterré au cimetière de Novodevitchi [3] puis déplacé au cimetière du monastère Alexandre Nevsky en 1917 ; d’après Expositions, il aurait été enterré dans le cimetière Volkov de Saint-Pétersbourg, puis sa tombe aurait été déplacée. Toujours est-il que Feodor Stravinsky repose aujourd’hui au cimetière du monastère Alexandre Nevsky de Saint-Pétersbourg.

Figure 2 : Tombe de Feodor Stravinsky

[1] L’année de naissance est variable selon les sources. On trouve aussi 1845 et 1846 – mais 1843 est le plus probable.

[2] En fait il était basse.

[3] Cimetière de Saint-Pétersbourg, à ne pas confondre avec le cimetière éponyme de Moscou.